Mi-août, Oli et moi recevons notre tout nouveau matos Peak Performance. Même si la qualité de leur matériel ne faisait aucun doute , il fallait quand même aller le tester en montagne: tous les prétextes sont bons pour partir grimper 😉 !
Oli travaille (presque) sans relâche, c’est donc avec Félix que je pars fin août. Après avoir déposé mes parents à Saas en Suisse , on monte directement au refuge Monzino près duquel on bivouaquera . Le premier objectif: directissime Bardill au Pilier central du Freney.
Après une courte nuit peu reposante , on part à 3h pour remonter le glacier du Brouillard et essayer d’atteindre en fin de journée la Chandelle du Freney au pied de laquelle on espère bivouaquer… On arrive dans les temps au bivouac Eccles où on se repose un peu avant de continuer .
L’année passée en faisant l’Innominata, on était passé par le glacier du Brouillard; cette fois ci je voulais passer par la pointe Eccles (le topo indiquait le même horaire pour les deux itinéraires) — > « Mauvaise idée n°1 de la journée » : un vrai dédale de pierres qui partent dans tous les sens … On mettra plus de 2h pour arriver au sommet ! Il ne reste plus que quelques rappels, traverser le glacier suspendu du Freney, grimper 450m en 5 max et on pourra dormir : faisable! On entame donc ces rappels tout en observant la suite de l’itinéraire : le glacier du Freney . La traversée de celui-ci a l’air raide mais en bonnes conditions : ce sera « mauvaise idée n°2 de la journée » . En prenant pied sur ce glacier, il se présente bien plus raide que prévu et la bonne neige attendue se révèle être de la glace bien pourrie qui part par plaques sous les pioches … Rajoutons à ça des chutes de pierres permanentes ( dues à la chaleur ) et une avalanche (venue à mon avis d’une corniche de l’arête du Brouillard…)… on s’arrête là! Trop dangereux de continuer, il aurait fallu être là de nuit pour avoir de la bonne glace sans chutes de pierres. Demi-tour , direction le bivouac Eccles . C’est là que ça commence à être sérieux ! Remonter les pentes du col Eccles s’avère être bien plus dur que prévu et surtout beaucoup plus délicat : rien ne tient! On a l’impression qu’on est sur un tas de Mikados géants où le but est de ne rien faire bouger tout en les escaladant… mental mental ! Quelques gros blocs partent mais après une session de mixte on arrive sur l’arête de l’Innominata en un morceau . On la désescaladera sur 300m pour rejoindre le col Eccles. Ouf, on est presque en sécurité! On regagne le bivouac Eccles en quelques rappels et à nouveau une longueur de mixte. Durant cette descente, on a pu admirer les crevasses du glacier du Brouillard: de véritables cathédrales bleues! Magnifiques!!
Nous montons donc dans la foulée planter la tente au pied du Grand Cap avec tout le matos nécessaire pour tenir 5 jours là haut. Sans oublier bien-sur la tomme de Savoie, le saucisson et le pain , indispensable!
Nous ferons le lendemain la Chandelle du Tacul par la combinaison des voies Bonatti et Tabou: un pur bijou en fissures qui ne dépasse pas le 6b+ , je vous le recommande !! Ce sera notamment l’occasion pour Félix et moi de remettre un peu les chaussons, oubliés depuis trop longtemps 😉 Au début de la voie, une pierre vient me frapper violemment le genou ce qui m’handicapera fortement ; en effet, je n’arrive plus a pousser sur ma jambe pendant 2 jours … décidément ces chutes de pierres!
Bon forcément si on est là c’est aussi pour faire le Grand Cap 😉 La voie des Suisses nous parait être un objectif convenable en comptant que Félix n’est pas dans ses meilleurs jours et que je ne sais presque pas utiliser ma jambe…
Connaissant la joie que se font les pierres de tomber dans les couloirs juste quand on y est, on décide de commencer par les 3 premières longueurs d »Elixir d’Astaroth » qui sont absolument superbes!
La deuxième longueur à peine commencée, un gros éboulement dans le couloir marquant le départ de la voie de suisses envoie des pierres dans tous les sens . Certaines passent même au dessus de nous, c’est dire la vitesse des projectiles au vu de la distance qui nous sépare de ce couloir . Notre variante de départ était salvatrice ! Un peu plus loin dans la voie, nous aurons aussi l’occasion de voir un gros bloc au pied de la paroi tomber dans la rimaye… celui là-même derrière lequel nous avons laissé nos grosses , piolets et crampons… »Alea jacta est » , nous continuons tout de même
La suite nous mène dans cinq jolies longueurs de « la voie des Suisses » pour terminer dans les deux dernières longueurs de « O Sole Mio ». It’s done ! On est au sommet de sa magnificence le Grand Capucin! Quel rêve et quelle vue! Extraordinaire! Nous y croiserons un gars de 59 ans à qui ce sommet mythique manquait dans sa liste de courses : bravo à lui !
Je profiterai d’une nuit sans nuage pour faire quelques photos en pause longue.
Tant qu’on est dans les sommets mythiques et les voies classiques, celle du Mont Blanc par les 3 Monts n’est pas loin: on bouge la tente pour aller la planter au col du Midi. Demain, on se fait le 4810m 😉
En se levant à 2h30 et en partant à 3h, je pensais être dans les cordées de tête… aucune cordée sur le col ni même qui se préparent aux Cosmiques,cool nous serons donc dans les premiers… ou pas… en regardant le Tacul, toutes sont déjà presque au sommet du premier des 3 monts ! On met le turbo et avons vite fait de rattraper la plupart des cordées . Un « embouteillage » nous fait perdre un peu de temps au passage du col du Mont Maudit.
Quatre heures trente après avoir quitté la tente, l’altimètre affiche les 4810m attendus ! Premier Mont Blanc pour Félix! Les conditions au sommet sont parfaites et nous permettent de profiter du paysage sans stress , que c’est beau!
Une fois en bas , Félix part rejoindre sa copine dans les Ecrins en stop… tout un programme mais apparemment il est arrivé!
Pour ma part , je passe deux jours dans la vallée en compagnie de mes parents . Ce sera l’occasion de fêter mon anniversaire , marquant le seul jour du séjour durant lequel je n’aurai pas enfilé mon baudrier , non pas a cause de mon anniversaire mais bien à cause de la pluie !
Pour terminer ce séjour en beauté , je remonte avec mon père faire les pointes Lachenal en passant par quelques variantes plus mixte , la trentaine de centimètres de neige tombée le jour avant est la bienvenue !
On dort aux Cosmiques et on remonte à l’Aiguille par la très classique mais non moins sympathique arête des Cosmiques. Ici encore, chapeau bas à un russe de 76 ans qui la faisait! Malgré qu’il ait à un moment perdu son baudrier (oui oui en plein milieu de l’arête…) il tenait la forme! Chapeau aussi à papa qui ,passé la soixantaine, la tient aussi, la forme ! En effet, il vient tout de même d’ enchainer une semaine d’alpi du côté de Saas, deux fois les pointes Lachenal et deux fois les Cosmiques… c’est cool!
Deux heures après être redescendus de l’arête des Cosmiques, nous sommes dans la voiture pour être le soir même ,sous la pluie évidemment, en Belgique.N’oublions tout de même pas que le but du voyage était de tester notre nouveau matos Peak Performance . La conclusion est sans appel , les produits sont d’une grande qualité, une finition irréprochable et une bonne robustesse . Sans parler de la coupe parfaite ! La série Black Light est décidément incroyable!!! On attend avec impatience d’aller la confronter à la rigueur du climat patagonien ! Allez, plus que deux mois et demi!
Kivik